Pour la construction du nouveau bâtiment de l'école primaire d'Elsau, le designer Jan Solenthaler a misé sur une juxtaposition de teintes subtiles dans les salles de classe et de couleurs vives dans les couloirs. Les outils du système de couleurs NCS l'ont aidé dans son travail.
Michael Milz | 27.09.2025
La palette de couleurs d'un bâtiment remplit plusieurs fonctions: elle crée une atmosphère, influence les émotions et peut mettre délibérément l'accent sur certains éléments. Dans les hôpitaux et les écoles, par exemple, elle joue un rôle non seulement fonctionnel mais aussi émotionnel: les couleurs ont un effet apaisant ou stimulant, elles facilitent l'orientation et renforcent la signalétique. Le système de couleurs NCS est un outil éprouvé pour développer un concept de couleurs (cf. encadré « Le système de couleurs NCS »). Il offre une aide visuelle à l'orientation et garantit que tous les participants à un projet parlent des mêmes nuances lors de la planification, de l'analyse ou du contrôle.
Jan Solenthaler a été responsable de la conception des couleurs de la nouvelle école primaire d'Elsau, près de Winterthour (Moos Giuliani Herrmann Architekten). Il explique que dès le début, il était évident que le nouveau bâtiment serait une construction en béton armé avec un parement extérieur en briques isolantes. «Il était donc clair pour moi que nous allions travailler avec de la chaux ou du ciment à l'extérieur, ce qui impliquait également une restriction au niveau de la pigmentation des couleurs.»
Il fallait également que le nouveau bâtiment scolaire s'intègre harmonieusement à l'ancien, qui est lui-même un conglomérat de constructions datant des années 1930, 1950 et 1980. «Je veille toujours à ce qu'un ouvrage s'intègre le plus naturellement possible dans son environnement», explique Jan Solenthaler.
Il ne pense pas que les couleurs utilisées dans les bâtiments scolaires doivent nécessairement être plus vives, même si la tendance va dans ce sens. «A Elsau, j'ai donné à chaque salle de classe une teinte avec trois accents différents», explique Solenthaler. Par contraste, les couloirs sont devenus «plus criards». «Les couleurs peuvent aussi être un peu provocantes et rompre l'harmonie.»
Jan Solenthaler a, selon ses propres termes, suivi une approche assez classique pour le concept de couleur. Il a travaillé avec le système de couleurs NCS pratiquement dès le début du projet. Il a d'abord réalisé un portrait chromatique des bâtiments environnants à l'aide du lecteur Colourpin de NCS. «Je note les couleurs les plus importantes, celles qui attirent mon attention – façades, stores ou, dans le cas d'Elsau, volets – à l'aide d'un lecteur de couleurs», explique-t-il. Il prête également attention aux couleurs des aires de jeux et des parcs, et bien sûr à celles des bâtiments scolaires déjà existant.
«Je travaille délibérément avec un regard neuf et impartial, fortement marqué par la perception immédiate.» En réfléchissant à la question, différentes observations lui viennent à l'esprit: comment un matériau donné réagit-il sous une lumière changeante? Comment une pièce change-t-elle en fonction de ses proportions ou de sa surface? Et quel rôle joue la couleur lorsqu'elle n'est pas seulement bidimensionnelle, mais qu'elle est perçue en mouvement et en interaction avec le volume? «En fin de compte, il s'agit d'intégrer les couleurs comme un élément narratif de l'architecture.» Le portrait couleurs aide donc également les architectes et la commission des constructions.
Afin de se rapprocher des harmonies chromatiques de l'école, Jan Solenthaler a réalisé des mélanges à la main, d'abord avec des couleurs individuelles, puis avec des harmonies chromatiques. «Il s'agit d'acquérir une sensibilité pour les couleurs. Je suis convaincu que ce n'est qu'en passant par ce processus que l'on peut donner à un objet quelque chose qui s'apparente à une identité.» A partir de ses propres mélanges de couleurs, il a ensuite effectué la conversion dans le système de couleurs NCS.
Outre le lecteur de couleurs, Jan Solenthaler travaille avec le nuancier qu'il a toujours dans son atelier, tout comme les cartes de couleurs au format A6. «Pour les réunions avec les concepteurs, les maîtres d'ouvrage ou les commissions de construction, je n'apporte généralement jamais le nuancier NCS», explique-t-il. «Le choix est tellement vaste qu'on s'y perd très vite.»
Le système de couleurs NCS est pour lui un outil précis qui lui permet de définir, de communiquer et de documenter les nuances sélectionnées. Cependant, malgré sa précision et ses 2'050 nuances, le système ne permet souvent qu'une approximation d'une nuance mélangée individuellement. Cela s'explique simplement par le fait que les nuances du système de couleurs NCS ne sont pas mélangées de manière complémentaire, mais avec du noir et du blanc. «Lorsque je mélange les couleurs à la main, je constate régulièrement qu'il existe une nuance intermédiaire, légèrement différente», explique Jan Solenthaler. «Mes propres mélanges de couleurs me permettent de trouver un langage et une atmosphère pour ces harmonies chromatiques, et le système de couleurs NCS m'aide à communiquer et à documenter cela clairement.»
Après son apprentissage de dessinateur, Jan Solenthaler a travaillé dans différents cabinets d'architectes où il s'est rapidement familiarisé avec la gestion de chantiers et de projets. Grâce à sa formation de coloriste des matériaux dans le domaine de l'architecture, il a finalement pu allier créativité et sensibilité à la technique et à la conception, trouvant ainsi sa place dans la vie professionnelle. Jan Solenthaler travaille comme designer indépendant spécialisé dans les matériaux et les couleurs à Zurich. Il est également enseignant et médiateur dans le domaine des matériaux et des couleurs.