Pour Christoph Starck, directeur de la SIA depuis plus d'un an, il est clair que répondre aux besoins de toutes les parties prenantes du secteur de la construction par une solution commune sera toujours payant à l'avenir.
Interview: Gaby Jefferies
25.03.2021
Christoph Starck, ingénieur forestier dipl. EPF/SIA, EMBA HSG, est directeur de la SIA depuis fin 2019. Avant cela, il a dirigé pendant quinze ans le siège de Lignum, Economie suisse du bois. Depuis l'été 2020, il est membre du Comité et du Bureau de CRB.
Comment s'est passé votre première année de directeur de la SIA?
Du fait des circonstances extérieures, ce fut une année très spéciale. Il n'est pas simple de trouver rapidement ses marques dans une organisation aussi vaste, et le Covid n'a évidemment pas facilité les choses. Même si je connais déjà beaucoup de monde au sein du réseau de la SIA, je n'ai pas pu nouer de contacts comme cela se fait d'habitude automatiquement. La tâche de mener la direction et les collaborateurs à bon port pendant cette période, ainsi que les nombreuses nouveautés m'ont fortement sollicité.
Qu'est-ce qui vous plaît particulièrement dans la conduite d'une association?
Les aspects intéressants d'une association résident certainement dans la grande diversité des thèmes que nous pouvons traiter. A cela s'ajoute la diversité des personnes qui s'engagent dans une association et les différentes cultures – Lignum comme la SIA sont des organisations d'envergure nationale. Cela rend le travail passionnant.
Quels sont actuellement les thèmes prioritaires de la SIA?
Nous travaillons actuellement sur trois priorités stratégiques: changement climatique (CO2 / efficience dans l'utilisation des ressources), transformation numérique et passation de marchés. Pour le troisième thème, il s'agit, d'une part, de soutenir nos membres dans la mise en oeuvre de loi fédérale sur les marchés publics entrée en vigueur début 2021. D'autre part, il faut adapter les ordonnances sur les marchés publics et redéfinir les règlements concernant les prestations et les honoraires (RPH). Le développement durable et la numérisation jouent également un rôle dans ce domaine.
Quel thème vous tient particulièrement à coeur?
Du point de vue de la SIA, pour notre propre image, cette refonte des RPH est le thème central. A titre personnel, j'attache une importance particulière à la thématique du changement climatique et du développement durable. Je suis convaincu qu'une association comme la SIA peut apporter une contribution à l'environnement et à la préservation de l'espace et des ressources.
Selon vous, quels sont les plus grands défis pour le secteur de la construction?
Actuellement, la gestion du Covid et de ses conséquences occupent une place centrale. Même si nous avons de la chance par rapport à d'autres, la pandémie laissera des traces dans le secteur de la construction. Les premiers reports de grands projets d'investissement sont déjà annoncés. A long terme, le climat et la transformation numérique, qui touchent tous les domaines de la vie, constituent selon moi les deux défis majeurs. Pour le secteur de la construction, la numérisation présente diverses facettes: outre la technologie et les nouveaux instruments qu'elle propose, elle entraîne aussi un changement culturel. La compréhension des rôles des différents acteurs de la planification évolue, les formes d'organisation se diversifient. Les thèmes comme la gestion des données ont une grande influence sur la méthode de travail et la compréhension des rôles des concepteurs. En ce moment, la principale difficulté est que tout est en mouvement et que personne ne peut vraiment dire ce qui va finalement s'imposer.
Qu'est-ce que cela signifie pour le rôle de la SIA?
Nous discutons actuellement de la direction que peut prendre la SIA. Il est important que nous aidions à créer, pour l'avenir, de bonnes conditions cadres, qui permettent aux concepteurs de jouer leur rôle dans les processus. Nous devons montrer à nos membres, étape par étape, les voies de développement possibles. Pour ce faire, nous devons être ouverts et souples, et nous investir activement.
Et pour la collaboration entre la SIA et CRB?
Je crois que l'avenir recèle un grand potentiel si nous collaborons étroitement. CRB élabore des standards, des instruments pour le travail quotidien. Avec ses normes, la SIA définit le mode de collaboration et les conditions cadres pour l'utilisation des instruments. Dans le futur, nos produits devront être plus numériques et mieux harmonisés.
Où se trouvent les potentiels de développement pour nos membres?
La collaboration entre les différents corps de métier évoluera. Les processus seront plus intégrés. Les concepteurs et les entrepreneurs se rapprocheront, les entrepreneurs seront impliqués plus tôt dans le processus, il y aura de nouvelles interfaces.
Quelle sera la position de CRB et de la SIA sur le marché dans dix ans?
Si nous voulons avoir encore de l'importance dans dix ans, nous devons profiter de l'occasion et développer nos points forts. Si nous y parvenons, nous générerons à l'avenir une valeur ajoutée que les autres ne pourront pas offrir. Lors de l'élaboration de ses instruments, CRB convie différentes parties prenantes à sa table et ne se focalise pas sur un seul sous-secteur. Il en va de même à la SIA; l'un de nos points forts réside dans le fait que nous définissons l'aspect des normes et des règlements avec diverses parties prenantes. Cette collaboration est importante pour l'avenir. Il existe sûrement des organisations qui élaborent des solutions de manière plus agiles et plus rapides, mais elles sont toujours centrées sur leurs propres besoins. Nous sommes plus lents, mais nous présentons l'avantage de répondre aux besoins de toutes les parties prenantes par une solution commune. Nous devons conserver cet atout et le développer ensemble.
On parle souvent de la grande influence de l'environnement international sur les normes du secteur suisse de la construction. Que pensez-vous de la situation actuelle en termes d'opportunités et de dangers potentiels?
La numérisation entraînera une harmonisation internationale des bases. Le fait que la Suisse participe déjà à ces processus et puisse apporter ses idées au sein des commissions constitue certainement un avantage. Selon moi, le principal danger pour nous serait de perdre de notre force et de notre capacité d'innovation si nous devions trop nous plier à une autre mentalité fondée principalement sur le contrôle, la vérification, etc. Nos normes laissent des espaces de liberté, mais exigent aussi que l'on assume la responsabilité qui en découle. En outre, la charge de travail de la SIA ne cesse d'augmenter.
Depuis l'été dernier, vous représentez la SIA au Comité de direction et au Bureau de CRB. Quels sont les points importants pour vous?
Je suis convaincu que la SIA et CRB doivent renforcer ensembles davantage leur coopération à l'avenir. Je souhaite y contribuer dans mes fonctions de membre du Comité de direction de CRB et de directeur de la SIA. Participer aux décisions stratégiques importantes et aux développements au sein de CRB est très captivant, mais représente aussi un grand défi. Pour moi, être au cœur de l'action et pouvoir vivre concrètement le partenariat est un vrai privilège.