Le Serveur Profil BIM en pratique

Aujourd’hui, les professionnels gèrent une quantité toujours plus grande d’informations avec d’énormes tableaux Excel. Ces derniers sont toutefois sujets à des erreurs et ne peuvent pas être standardisés. Le serveur Profil BIM permet la saisie systématique et l’échange d’informations. Depuis la mi-mars, une première version de ce nouvel outil est disponible gratuitement. Des spécialistes issus de différents domaines parlent de leurs expériences en matière de gestion de l’information et sur la manière dont le serveur Profil BIM peut les aider.

Reto Helbling, Responsable Services, CRB
04.01.2022

La quantité croissante d’informations, le nombre toujours plus important d’intervenants dans les processus de communication, les nouveaux processus de travail ainsi que la sémantique différente des informations échangées exigent une gestion de l’information couvrant l’ensemble des processus. CRB a donc mandaté l’Institut Digitales Bauen de la FHNW pour développer une solution. C’est ainsi qu’est né le serveur Profil BIM. Il permet de connaître, tout au long du projet et à travers toutes ses phases, qui fournit quoi (quelles informations), à qui, quand, pour quoi et comment.

Depuis mi-mars 2021, le Serveur Profil BIM peut être essayé gratuitement. En parallèle, nous poursuivons le développement de nouvelles fonctionnalités. C’est pourquoi les feedbacks de praticiens sont importants.

«Travailler avec d’énormes tableaux Excel est très fastidieux.
C’est là que le serveur Profil BIM apporte un grand plus.»

Daniel J. Butcher
membre de la direction, Schärli Architekten AG, Lucerne

Pour connaître l’avis de ces professionnels, Pasquale Petillo, responsable de la production, et Reto Helbling, responsable des services, ont parlé à sept d’entre eux, issus de domaines différents. CRB a montré comment il envisage l’utilisation du serveur Profil BIM, et les experts ont apporté leur vision pratique et leurs suggestions. Ils ont aussi parlé de ses avantages et de ses inconvénients. Nous avons rassemblé ici les principaux enseignements. Pour une meilleure compréhension, nous avons indiqué au préalable ce qui peut être fait avec le serveur Profil BIM.

Gestion des informations à l’aide du serveur Profil BIM

La première étape consiste en la saisie des données. On crée donc un nouveau projet. En alternative, il est également possible de reprendre comme base un projet déjà créé, un «projet modèle» de CRB ou un «projet communautaire» créé par des tiers et mis à disposition de tous les utilisateurs. La saisie proprement dite des exigences d’informations suit ce déroulement:
 

1. Structuration des exigences d’information en «étapes»

Comme dans une gestion classique, le projet est divisé en étapes d’information. Il vaut la peine de définir les étapes de manière à ce qu’elles correspondent au déroulement logique et qu’on puisse les saisir séparément, par exemple «Appel d’offres gros oeuvre terminé». Le serveur Profil BIM facilite la définition des étapes grâce à sa structure en quatre phases: conception, planification, réalisation et exploitation.

 

2. Enregistrement des processus nécessaires pour atteindre une étape

Il est important d’effectuer quelques tâches (ou processus) afin que les étapes puissent apparaître correctement dans l’aperçu du projet, c’est-à-dire afin que ces informations soient disponibles. Ces processus peuvent ensuite être attribués à différentes étapes dans la quantité souhaitée. Dans la figure 1, les barres grises correspondent aux processus attribués aux différentes étapes.

 

3. Détailler les tâches en activités et attribuer des rôles

Dans l’objet d’observation CRB, un processus «Concevoir la durabilité» a par exemple été défini dans l’étape «Conception optimisée». Dans une troisième étape, on va définir les activités et les exigences concrètes en matière d’information qui y sont liées. En outre, on note aussi qui participe à ces processus. On obtient ainsi – en s’appuyant sur le «concept mandant-fournisseur» de la norme SN EN ISO 19650 – une vue d’ensemble des informations à fournir et des intervenants impliqués. Les utilisateurs sont totalement libres dans l’organisation des activités et des rôles. En d’autres termes, ils peuvent créer autant de nouvelles activités et de nouveaux rôles qu’ils le souhaitent.

4. Finalisation du «profil d’information» par l’attribution des parties d’ouvrage

Cette étape consiste à spécifier exactement quelles parties d’ouvrage sont concernées par les processus et activités prédéfinis. Pour ce faire, il suffit de cliquer dans la liste complète de classes fonctionnelles (partie d’ouvrage). Le mappage vers l’IFC s’effectue automatiquement. L’utilisateur décide lui-même s’il veut travailler exclusivement avec les termes courants ou s’il souhaite afficher les désignations IFC pour mieux s’orienter. La liste des classes fonctionnelles (partie d’ouvrage) contient également les attributs et les listes de valeurs. Ces listes peuvent être complétées à volonté et personnalisées.

 

5. Les profils d’information sont prêts à être utilisés dans des applications tierces

Le serveur Profil BIM n’a pas été conçu pour importer une quantité d’informations, mais pour planifier et décrire facilement les informations nécessaires et pour pouvoir les exporter dans la phase suivante de planification. Les données peuvent être lues/importées correctement dans des systèmes tiers et traitées ultérieurement. Un exemple est l’attribution des exigences d’information à une maquette numérique dans une application de CAO. L’exportation des informations du serveur Profil BIM s’effectue via le format d’interface IDS (Information Delivery Specification). Ainsi, les informations peuvent être affichées dans le système destinataire en fonction de ses besoins personnalisées, par exemple sous forme de tableau, ou attribuées aux éléments.

Verdict des experts

Les experts interrogés s’accordent à dire que la voie choisie est la bonne. Ils soulignent en particulier que la saisie unique des processus opérationnels et des activités augmente l’efficacité et facilite la réutilisation. Ils reconnaissent ici de nets avantages à l’utilisation du serveur Profil BIM par rapport à la méthode de travail avec d’énormes tableaux Excel, et à la réduction des sources d’erreurs qui en découle. Ils voient en outre tout le potentiel pour la présentation au maître d’ouvrage grâce à un «export graphique» permettant de visualiser la planification: Grâce à cette «belle» représentation, on dispose en même temps d’une documentation pour la communication avec le maître d’ouvrage.

«L’introduction des classes fonctionnelles, c’est-à-dire
 la possibilité de choisir des éléments de construction, 
a permis d’améliorer considérablement la méthode de travail.»

Samuel Klaus
BIM-Manager Office des biens immobiliers de la ville de Thoune

En outre, les premiers utilisateurs trouvent le guide pour l’utilisateur très intuitif et le design de l’interface attrayant. Ils auraient toutefois souhaité une séparation encore plus marquée des différentes étapes de saisie selon la description ci-dessus (étapes 1 à 5). Un «mode d’emploi» avec des éléments graphiques pourrait faciliter la découverte de toutes les possibilités d’utilisation. 
En raison de la situation sur le marché, peu d’experts et beaucoup de personnes qui se penchent sur le sujet depuis peu, proposent une subdivision en un mode général et un mode expert. Ce mode expert a déjà été mis en place via la gestion des accès dans le serveur Profil BIM. Ainsi, les utilisateurs généraux ne doivent pas s’occuper des aspects IFC dans le catalogue de données. CRB est plébiscité dans son rôle de «Centre d’études du secteur de la construction», qui coordonne les différentes activités au bon endroit. Il en résulte un rapport optimal entre les dépenses et les bénéfices pour tous les participants. Le souhait est avant tout de disposer de données complémentaires sous forme de processus opérationnels déposés par les organisations professionnelles, les maîtres d’ouvrage ou les fabricants/fournisseurs pour reprendre et compléter le catalogue de données. Les utilisateurs sont invités à se soutenir mutuellement, par exemple dans le cadre d’une «communauté serveur Profil BIM». Certains utilisateurs auraient aimé connaître le coût du serveur après la phase gratuite de test. Les coûts calculés par CRB pour une exploitation rentable du serveur de profils BIM s’élèvent à environ 100 francs par projet et par mois. Ils estiment que ce prix est justifié par la plus-value qui en résulte. En ce qui concerne le contrôle d’accès et l’octroi de licences, il est important pour eux que les droits ne soient pas attribués à une seule personne, mais à un groupe (projet, entreprise, etc.) Ils sont aussi d’avis que tout ce qui n’est pas directement lié à la fonctionnalité ne doit pas être négligé et tout particulièrement la question de la protection des données – concrètement, où sont hébergés les serveurs ou les données.

Besoins spécifiques et suggestions

Les données saisies dans le serveur Profil BIM peuvent être utilisées à tout moment, par exemple via une exportation basée sur l’interface IDS. Ainsi, il est également possible d’éditer ou de geler différents états de travail. Dans ce contexte, les testeurs apprécient le fait que les processus commerciaux puissent être exportés et publiés séparément. Ils considèrent que les formats de sortie disponibles à cet effet – Excel, PDF et IDS – sont adaptés, mais pour certains utilisateurs, l’interface IDS représente la plus grande valeur ajoutée. Le serveur Profil BIM est conçu de telle sorte que, grâce aux différents formats de sortie et à l’interface IDS, il ne nécessite pas de liens et donc pas de mise à jour.

Plusieurs idées concernent l’assurance qualité. Certains ont proposé qu’il soit également possible de vérifier en continu si l’information a été déposée avec le contenu souhaité et au moment prévu. Ce type d’assurance qualité est déjà possible aujourd’hui via des systèmes tiers. Cela peut notamment se faire par le biais de ce que l’on appelle un vérificateur de modèle. Certains pensent qu’il faudrait pouvoir effectuer cette opération au sein de l’application. Concrètement, il a été suggéré que les différents points symbolisant le besoin d’informations (cf. figure 3) puissent être colorés différemment selon qu’une information est déjà disponible dans le modèle IFC ou qu’elle manque encore.

«Le serveur Profil BIM est un outil important
pour les mandants et convient
donc également aux maîtres d’ouvrage.»

Diogo Bastos
Responsable de la numérisation, Archipel Generalplanung AG, Zurich

   

La discussion a également porté sur l’utilité – notamment en termes d’assurance qualité – de pouvoir importer une maquette dans le serveur Profil BIM. Une autre interrogation a été celle de savoir où se trouve le plus d’informations: dans la maquette ou dans le serveur Profil BIM? Jusqu’à présent, CRB a envisagé que les informations saisies dans le serveur Profil BIM soient exportées vers la CAO via l’IDS. Il est alors possible de comparer les deux niveaux d’information à l’aide de vérificateurs de modèles spéciaux. Le lien avec une maquette numérique, quel qu’il soit, est surtout important pour les architectes qui sont fortement orientés vers le visuel.

Outre les attributs et les propriétés, les utilisateurs souhaitent également pouvoir concevoir et compléter librement les classes fonctionnelles. Pour ce faire, il faudrait pouvoir ajouter d’autres objets, comme des documents par exemple. Cette fonctionnalité existe déjà dans la version actuelle, de sorte qu’il est désormais possible de référencer des fiches de produits et des éléments comparables. Une autre extension souhaitée des classes fonctionnelles a été introduite dans le sens d’une orientation spatiale. Cela signifie que l’on ne sélectionne pas des éléments, mais des pièces, des étages, etc.

Certains interlocuteurs apprécient beaucoup de pouvoir travailler avec le serveur Profil BIM en utilisant la terminologie habituelle, pour les étapes, les rôles et les classes fonctionnelles (parties d’ouvrage), et de pouvoir profiter en même temps de la liaison déjà réalisée entre ces classes et l’IFC. Ce n’est que pour les classes fonctionnelles que certains ont fait remarquer qu’ils auraient préféré le terme d’«objets» à celui de «classes fonctionnelles». Les efforts de CRB pour veiller à ce que les données de tous les domaines, c’est-à-dire le bâtiment, le génie civil et la technique du bâtiment, etc. soient disponibles dès le début, sont considérés comme importants et justes. Il faut donner la possibilité de personnaliser aussi bien les attributs que les propriétés. C’est prévu – mais cela est réservé exclusivement aux utilisateurs qui disposent des droits d’administration sur un projet. Des questions ont été posées sur la date d’introduction des cas d’application CRB avec les données eCCC et CAN. 

Certains interlocuteurs ont indiqué qu’il serait désormais possible d’introduire différentes sources de données, comme par exemple les cas d’utilisation de différents groupements. Les attentes sont sur ce point aussi grandes que les besoins. Certains utilisateurs ont attiré l’attention sur le fait que dans le domaine du génie civil, beaucoup de choses sont encore en suspens à l’heure actuelle. Ils soulignent également que le BIM est pour eux bien plus qu’un simple IFC. Ils utilisent de nombreuses autres sources de données, par exemple des «géodonnées». La question intéressante est de savoir comment les informations complètes, y compris les informations de planification, peuvent être transmises et gérées à partir d’un seul endroit. On espère que de nouvelles versions des schémas de données IFC et, plus généralement, de nouvelles normes permettront de progresser dans ce domaine.

Pour que les projets soient menés à bien, un travail d’équipe est nécessaire, notamment en ce qui concerne les informations de spécialistes. L’exemple de la protection incendie montre qu’il vaut la peine d’inviter des spécialistes disposant des droits pour saisir les exigences d’information. Il est très apprécié ici que ces experts puissent saisir eux-mêmes ces informations. La gestion des accès qui permet d’octroyer à chaque intervenant des droits d’écriture ou des droits de lecture est un atout, tout comme l’enregistrement de projets structurés dans le serveur de profil BIM, fonction essentielle dans une équipe de concepteurs. La fonction qui permet d’enregistrer une fois les processus et les activités, puis de les utiliser plusieurs fois est aussi un grand plus. Il existe, selon les interlocuteurs, de nombreux cas d’utilisation qui se déroulent toujours selon les mêmes schémas.

Il ressort des différents entretiens qu’il n’y a pas encore beaucoup de maîtres d’ouvrage qui exigent le BIM aujourd’hui. Le serveur Profil BIM peut contribuer à changer cette situation. Les utilisateurs test sont conscients que c’est un outil important non seulement pour les architectes, les ingénieurs civils et les ingénieurs spécialisés, mais aussi pour les maîtres d’ouvrage. Ceux-ci peuvent ainsi définir et communiquer leurs exigences – à condition qu’ils n’aient pas déjà mandaté un directeur de projet disposant des compétences en matière de gestion des données. Toutefois il ne s’agit pas d’un simple «outil de commande». C’est peut-être le cas au début, mais les exigences d’information parviennent à un moment donné aux destinataires, et ceux-ci sont alors tenus d’introduire leurs données concrètes. Prenons l’exemple de l’exploitation, où les étapes sont fixées très tôt, mais où la spécification n’intervient généralement qu’après un certain avancement du projet.

Impulse Webinar zum Thema «Informationsmanagement»
Événement en allemand

Als Einstieg werden die Grundlagen des Informationsmanagements erläutert. Ein interessantes Praxisbeispiel zeigt den heutigen Stand und die Herausforderungen des Informationsmanagements in der Bau- und Immobilienwirtschaft auf. Danach werden die neusten Entwicklungen und Features rund um den BIM-Profil-Server präsentiert. Der anschliessende Roundtable ermöglicht es, dieses Thema unter Fachleuten zu vertiefen.
Projektstand Oktober 2021

Les illustrations 1 à 3 sont des maquettes et n’existent qu’en langue allemande.