Le travail, chantier du futur (II) – des opportunités individuelles

La transition actuelle concerne les entreprises autant que les personnes employées. De l'euphorie au sentiment d'insécurité, en passant par une certaine hype, les réactions sont contrastées et contradictoires. La première partie de cet article se penchait sur les répercussions et opportunités qui se présentent aux entreprises. Regardons de plus près celles qui se présentent à chacun(e) d'entre-nous.

Text: Johannes Herold* | 13.03.2023

Les changements qui affectent le monde du travail influencent non seulement les entreprises, mais aussi les personnes qu'elles emploient. Collaboration intergénérationnelle, places de travail menacées par l'IA ou encore compétences requises: Les défis se multiplient et grandissent – mais restent des défis, qu'il est donné de relever à celles et ceux qui les abordent avec intérêt, en prenant part au changement plutôt qu'en les subissant.

Il faut savoir reconnaître et mettre à profit les forces des différentes générations: Les personnes les plus expérimentées ont un savoir à faire valoir, quand les plus jeunes sont familières des technologies et apportent de nouvelles perspectives. Des programmes existent qui aident à la valorisation des forces et à la maîtrise des faiblesses, afin d'encourager l'échange intergénérationnel. Au centre de l'apprentissage réciproque se trouvent le transfert de savoirs et le mentoring qui jouent un rôle clé. Les entreprises doivent en parallèle offrir des méthodes de travail flexibles et être en mesure de répondre aux différents besoins.

La réussite à long terme de ces changements réclament des adaptations des deux côtés. L'apprentissage continu et une culture d'entreprise flexible et innovante sont aussi déterminants que l'abandon de la classification et des préjugés liés aux classes générationnelles X, Y ou Z.

Les nouvelles technologies, le rythme d'innovation élevé et des processus complexes peuvent faire peur. Il faut en avoir conscience et agir en conséquence, par le biais d'un soutien personnalisé, ou par la diffusion de l'idée que les nouveaux outils ne représentent pas uniquement des défis, mais aussi des opportunités.

Certaines compétences humaines telles que la créativité, la pensée stratégique et l'intelligence émotionnelle peuvent aider à diminuer ces craintes et faire naître une attitude positive. Des mesures doivent parallèlement être prises en faveur de celles et ceux qui verront peu à peu leurs tâches remplacées par le progrès technologique. Et tant mieux si ces personnes souhaitent déjà s'adapter en continuant d'apprendre, ou en faisant le choix de «vouloir plutôt que de devoir» comme le formule le philosophe des affaires et auteur de plusieurs ouvrages Gunter Dueck. (Gunter Dueck, dans le cadre de la journée des partenaires CRB, le 20.10.2023) Et pour ce faire, la priorité doit être donnée à des perspectives claires de développement personnel et professionnel.

La maîtrise de la quantité croissante d'informations est un des enjeux majeurs. Entreprises et collaborateur(rices) doivent utiliser des outils en mesure de maîtriser le flux de données, d'en isoler et transmettre rapidement les plus importantes. Les systèmes automatisés peuvent aider à la structuration et à l'analyse des données, et ainsi faciliter les décisions. Il faut en même temps s'assurer que toutes les personnes concernées aient accès à ces données et les comprennent. Il faut pour ceci être capable d'évaluer les informations avec un regard critique, et d'être en mesure de les transmettre.

Le changement commence toujours par soi-même: «Avant la transformation de la culture et de la technique, il y a toujours la transformation de nous-mêmes.» (L'organisation apprenante à l'ère de la transformation numérique, Marcus Klug dans «Morgen weiss ich mehr», p.113) La curiosité et une motivation intrinsèques sont de bons atouts pour connaître le succès dans un monde du travail de plus en plus digital. La compétence en matière de changement désigne la capacité à «s'adapter activement et en permanence à de nouvelles exigences, à changer soi-même de manière ciblée et authentique, à réagir adéquatement aux changements (condition préalable pour pouvoir montrer à d'autres la voie), à s'organiser soi-même, à être capable d'agir pragmatiquement, même dans des processus de changement complexes imprévisibles et marqués par l'incertitude.»

La créativité, la capacité à résoudre des problèmes et l'ouverture interculturelle sont à développer au même titre que les compétences techniques. Pour Nora Dainton, professeure à l'Institut für Digitales Bauen de la Haute école spécialisée de la Suisse du nord-ouest (FHNW), les «compétences numériques, techniques et surtout sociales et méthodologiques seront très demandées à l'avenir.»

Le jugement humain, dans ce contexte, prend de plus en plus d'importance pour vérifier et interpréter des solutions proposées par l'IA. Il serait néfaste de supposer que toutes les réponses sont claires et sans erreur. Les erreurs de l'IA sont le fruit d'«hallucination», un phénomène qui pousse ChatGPT & Co à mêler à leurs réponses des faits inventés de toutes pièces. Même certaines sources citées se révèlent de temps en temps fausses ou inexistantes.

Pour rester en phase avec les évolutions technologiques, il est devenu nécessaire de se former tout au long de sa vie. L'application croissante de nouvelles technologies tend à diminuer la durée de validité des qualifications. De nouvelles tâches et de nouveaux domaines apparaissent sans que nous ayons pu les anticiper.

Les entreprises seraient bien avisées de proposer des formations continues innovantes à leurs employé(es), grâce à l'apprentissage informel par exemple, qui font découvrir les plate-formes numériques et les réseaux sociaux pour l'échange de connaissances entre professionnels. L'objectif est de donner aux collaborateur(rices) les moyens de mener à bien leurs tâches. Investir dans des personnes compétentes est une mesure aux effets durables et les entreprises font ainsi face à une éventuelle pénurie. Il est donc judicieux de former et de perfectionner les personnes qui sont déjà là – car il est difficile d'en attirer d'autres. La formation continue va ainsi devenir un composant central du développement des carrières individuelles ou interne aux entreprises.

Il est difficile de dire s'il y aura assez de travail pour tout le monde à l'avenir. Mais une chose est sûre: les nouvelles technologies créent de nouvelles tâches. «La moitié des métiers qui existeront en 2030 n'ont pas encore été inventés», prédit le futurologue bâlois Gerd Leonhard. 

Le physicien et fondateur du «Future of Life Institute» Max Tegmark évoque ainsi les facteurs qui détermineront à l'avenir le choix d'une profession: «Nous devons conseiller à nos enfants ce qui est juste. Ils doivent choisir des professions dans lesquelles la créativité, l'improvisation et le facteur humain ont leur place.» Il poursuit: «Mais à plus long terme, nous avons besoin de solutions pour permettre aux gens de trouver un but et un sens à leur vie sans travail. Le revenu de base universel est peut-être une solution.»

En bref

«Un, deux, trois, le temps file – nous aussi», écrivait Wilhelm Busch à la fin du 19e siècle. On pourrait aujourd'hui remplacer temps par innovation. Les nouveaux développement se multiplient de manière exponentielle, les cycles d'apparition des innovations et des technologies sont de plus en plus courts. Nous vivons une époque de bouleversements avec des taux d'accélération que nous ne pourrons bientôt plus imaginer. Il est néanmoins important de rappeler la loi d'Amara: «Nous avons tendance à surestimer l'impact du progrès technique à court terme et à sous-estimer ses effets à long terme.»

L'homme a toujours été doué pour développer et utiliser des outils, du biface à l'IA. Les outils déterminent les processus et donc la manière de travailler: du plan aux données pour finir à la fabrication. La complexité va augmenter, les outils vont évoluer avec. Et c'est ce que nos compétences doivent aussi faire.

Christoph Burkhardt, expert en innovation et technologies numériques, résume ainsi la situation: «L'apprentissage est une stratégie de survie cruciale qui ne va ni disparaître ni diminuer, mais devenir d'autant plus précieuse face aux nouvelles technologies et aux nouveaux outils.»

Nous pourrons alors nous aussi trouver un sens à tout cela.

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Face à la numérisation croissante, la gestion de l'information joue aussi un rôle de plus en plus important dans le secteur de la construction. CRB tient compte de cette évolution en proposant une offre de formation continue variée.

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